UN JARDIN DE THÉ DANS LA CAPITALE
- Marc Lohez
- il y a 6 jours
- 2 min de lecture

La porte Maillot est connue du grand public pour son jardin d’acclimatation devenu un parc d’attraction même si le projet de départ était réellement d’y acclimater des « animaux utiles » selon le souhait d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire . Mais à deux pas de là, il est possible de découvrir une authentique exploitation agricole qui vient d’ouvrir au public : le jardin de thé.
Cette ferme parisienne est le résultat de l’aventure entrepreneuriale de Gaëlle Rousseau, un tournant qui comme beaucoup d’autres prend ses racines dans la crise sanitaire du Covid et le premier confinement. Fan de thé depuis toujours, Gaëlle observe que les camélias s’épanouissent dans son jardin en Normandie. Or le thé, Camelia sinensis est un cousin de celui du Japon qui produit ces belles fleurs décoratives bien connues.
Elle plante alors des théiers et les essais sont concluants : ils s’adaptent très bien en Normandie et depuis trois ans, elle peut récolter les feuilles et produire son thé. Entre-temps, Gaëlle a beaucoup voyagé pour se former à la transformation dans les pays producteurs. Et elle a su nouer des contacts avec les autres aventuriers de ce nouveau continent du thé qu’est l’Europe, au point de devenir secrétaire générale de l’association Tea Grown in Europe, un forum d’échange et de partage entre producteurs des quatre coins du continent.

L’aventure parisienne du thé débute quant à elle dans la cour d’une grande copropriété du 17ème arrondissement : une centaine de théiers plantés en bac qui se plaisent dans ces conditions, abrités du vent et avec tous les paramètres bien contrôlés. Le jardin actuel est quant à lui le résultat d’un appel à projet du programme « parisculteurs » de la Ville de Paris : cette campagne de promotion de l’agriculture urbaine proposait pour sa cinquième saison en 2023 un incroyable terrain en pleine terre de 2000 m2 dans le 16ème arrondissement. Bien qu’en déplacement au Japon, Gaëlle Rousseau n’hésite pas à effectuer toutes les démarches à distance et finit par être lauréate. Et ce micro-terroir se révèle propice à la culture des théiers avec son sol assez sableux et acide. Il a fallu avant cela défricher cette « jungle » dominée par d’encombrants acacias, tout en gardant un sous-bois au fond du jardin. La campagne de plantation a pu alors commencer, soutenue par des bénévoles. Les théiers sont accompagnés de poivriers du Sichuan, d’agrumes, d’autres fruitiers et d’aromatiques.

Depuis ce printemps, le jardin est ouvert au public lors de ventes à la ferme. Comme son aîné de Normandie, le jardin de thé de la Porte Maillot sert également de lieu de sensibilisation à la culture – à tous les sens du terme – du thé. Des ateliers permettent de faire comprendre ce miracle de la révélation des goûts et des arômes variés à partir des feuilles au départ inodores du camélia sinensis. En une journée, on peut ainsi produire son propre thé vert. Lieu de production, de commercialisation et de sensibilisation, le jardin de thé offre dans la capitale à la fois l’expérience de l’agriculture urbaine et le contact avec l’exotisme de terroir .
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