Paris : d'une acclimatation à une autre.
- Marc Lohez
- 9 avr.
- 2 min de lecture

En ce mois d’avril 2025, le Jardin d’Acclimatation annonce une nouveauté : un roller-coaster , il prend la suite des manèges et grande roue plutôt au style Belle-Epoque même si la réalité virtuelle accompagne aussi certaines attractions. Ce parc de loisir est aussi un lieu de promenade champêtre et exotique dans la capitale, avec notamment le récent Jardin de Séoul. Mais ce parc à l’Anglaise voulu par Napoléon III et créé il ya 125 ans est également le fruit d’un autre rêve : celui d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire (1805-1861), zoologue du muséum d’histoire naturelle : il s’agissait de créer dans ce coin du bois de Boulogne une ferme d’acclimatation à but pratique qui complèterait une ménagerie du jardin des plantes dédiée à la science.

En 1849, il avait publié un rapport intitulé Acclimatation et domestication des animaux utiles dans lequel il militait pour l’introduction d’animaux exotiques dans nos fermes. Aujourd’hui, dans un des parcs du Jardin d’acclimatation, les enfants peuvent découvrir côte à côte un dindon et un Alpaga. Geoffroy Saint-Hilaire remarquait à son époque que depuis l’arrivée du Dindon américain, il n’y avait pas eu d’autre domestications d’animaux exotique en France dans un but utilitaire, mais seulement accessoire, entendez d’ornement comme ce magnifique paon bleu qui sillonne les allées du jardin et dont l’appel à Léon s’entend de loin… Quant à l’Alpaga, c’était un des rêves de naturalisation du zoologue qui se désolait de voir les importations de cette laine réputée dans son pays qu’il savait capable d’en produire : le Made in France comme aiguillon de l’exotisme de terroir déjà !

Serait-il heureux aujourd’hui de voir aujourd’hui la profusion des élevages atypiques ? Sans doute, mais avec un peu de déception : il insistait sur l’utilité de l’acclimatation des tapirs et des kangourous. Il faut dire qu’il écrivait à une époque où l’accès à la viande était difficile particulièrement pour « les classes laborieuses ». Il encourageait par ailleurs à l’introduction du buffle en Camargue et dans les Landes et dans une moindre mesure à celle des grands camélidés dans les territoires difficiles d’accès. Mais la ferme du Jardin d’acclimatation ne favorisa guère les nouvelles introductions, s’en tenant à une fonction de zoo et même pire de zoo humain de l’époque coloniale. Mais quand on se promène aujourd’hui on devrait avoir une pensée pour Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire et la réalisation partielle de son rêve dans nos campagnes.
Pour en savoir plus :
Le site du Jardin d’acclimatation
sur le site : Vestiges et héritages de l’acclimatation
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